Un mage vampire, un jeune homme Romani, et un
amour interdit qui ne peut être renié.
Lord Taliesin Solitaire est né albinos, a été rendu muet par la malédiction des feys et trahi par un amant vampire. Pendant deux cents ans, le mage vampire a juré de ne plus jamais aimer et n'a utilisé le sexe que comme un moyen d'avoir un repas. Jusqu’à ce qu'un gitan, diseur de bonne aventure, se retrouve dans une situation périlleuse et Taliesin ne peut pas résister à sauver le beau jeune homme.
Pesha est le fils aîné, mais le plus petit, du Roi Vaida Sinclair, le propriétaire tyrannique de la Kale Romani Compania. Présumé impur par son père, Pesha est rejeté et maltraité par quatre de ses demi-frères et l'un d'eux en particulier, veut sa mort. Son pâle sauveur silencieux lui offre une sécurité et un amour qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Alors que Pesha tombe amoureux de son beau chevalier blanc, son demi-frère commet l'impensable.
Taliesin pourra-t-il sauver Pesha des griffes cruelles de son demi-frère une seconde fois .
Lord Taliesin Solitaire est né albinos, a été rendu muet par la malédiction des feys et trahi par un amant vampire. Pendant deux cents ans, le mage vampire a juré de ne plus jamais aimer et n'a utilisé le sexe que comme un moyen d'avoir un repas. Jusqu’à ce qu'un gitan, diseur de bonne aventure, se retrouve dans une situation périlleuse et Taliesin ne peut pas résister à sauver le beau jeune homme.
Pesha est le fils aîné, mais le plus petit, du Roi Vaida Sinclair, le propriétaire tyrannique de la Kale Romani Compania. Présumé impur par son père, Pesha est rejeté et maltraité par quatre de ses demi-frères et l'un d'eux en particulier, veut sa mort. Son pâle sauveur silencieux lui offre une sécurité et un amour qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Alors que Pesha tombe amoureux de son beau chevalier blanc, son demi-frère commet l'impensable.
Taliesin pourra-t-il sauver Pesha des griffes cruelles de son demi-frère une seconde fois .
CHAPITRE UN
Lord Taliesin Solitaire marchait le long du
front de mer, profitant de l’odeur familière de la mer d’Irlande. C’était une
soirée de décembre, exceptionnellement chaude, depuis plus de dix ans, pour le
Pays de Galles et il espérait éviter encore une autre nuit d’interminable
solitude en marchant sur la promenade, de bout en bout. Des souvenirs de son
bien-aimé – et également détesté – Christophe le faisaient encore souffrir et,
après deux cents ans, il savait qu’ils allaient le hanter pour le reste de son
existence contre nature. Il avait appris à les supporter sans se plaindre.
En règle générale, il s’enveloppait de son
long manteau de laine avec une grande capuche, peu importe le climat, afin de
dissimuler son apparence et de protéger ses yeux lavande sensibles. Ce soir, il
le portait sur le bras et ne donnait pas deux ffyrlingau de ce que les
gens penseraient de son allure. Par les boules de Llewellyn, on était en 2016
et l’albinisme n’était pas un fléau ! Enfin, il se souciait de son aspect
jusqu’à un certain point, supposa-t-il, sa vanité pas tout à fait effritée
depuis ces dernières années. Il avait attaché ses cheveux blancs qui touchaient
presque le sol en une longue tresse, dans un effort pour minimiser l’attention
et il était reconnaissant que son apparence aristocratique compense sa peau
nacrée si distinctive. Sa beauté saisissante était un cadeau de sa magnifique
mère catalane. Son père gallois, bien que de haut rang, lui avait, bien
entendu, simplement légué ses grands yeux bleus.
Bien que l’acceptation des humains des êtres
surnaturels lui ait facilité la vie, à bien des égards, l’ère de l’informatique
du XXème siècle l’avait rendue plus difficile. Les lois régissant les
vampires étaient restrictives et, en dehors de sa fille et de quelques
serviteurs de confiance, il se sentait seul et si possible, son vampirisme
jetait un voile encore plus morbide sur son existence que son albinisme. Bien que
transformé jeune et figé à l’âge de trente-six ans, ses deux siècles en tant
que mort-vivant avaient volé sa verve. Il se demandait souvent si la vie
éternelle valait une telle solitude.
Il continua sa lente promenade le long de la
mer et examina les possibilités de divertissements pour cette belle soirée. Il
y avait le vieux jongleur français avec ses textes burlesques, fabliaux,
chansons de geste et exposés. Plus facétieux encore, le jeune trouvère avec ses
poèmes lyriques en langue d’oc. Le jeune effronté contrariait le vieux jongleur
en se positionnant juste assez près pour lui voler des clients et, par
conséquent, les pourboires du vieil homme. Un combat était à craindre d’ici la
toute fin de soirée, s’assurant ainsi d’être la distraction la plus satisfaisante
du front de mer. Taliesin sourit intérieurement tandis qu’il contemplait les
deux hommes qui se battaient délibérément, dans le but d’extorquer plus de
billets aux passants sans méfiance. Malgré tout, le bohémien, diseur de bonne
aventure qui se tenait près de la tour de l’horloge le fascinait davantage.
S’étant suffisamment amusé avec le jongleur et
le trouvère, il serpenta en direction de la tour de l’horloge. Il fut surpris
de sentir les pulsations de son cœur s’accélérer à l’idée de revoir le gitan.
Avançant en traînant les pieds, déconcerté, il déambula sur le trottoir.
Il observa le jeune gitan exercer son talent
auprès d’un jeune couple, taquinant la paume de la main de la jeune femme d’un
léger contact du bout de ses doigts. Dieux, c’était vraiment un magnifique
jeune homme. Des boucles noires, un visage exotique encore angélique et… oh,
ces yeux noisette dorés… Eh bien, tout chez lui attirait Taliesin. Néanmoins,
il savait qu’il valait mieux ne pas s’approcher de lui.
Le gitan était un expert avec son tour de
passe-passe avec les mains, et à chaque rire de la belle dame, son prétendant
glissait une livre au bohémien. Quand il étala un jeu de tarot, l’homme lui
indiqua de s’éloigner tandis que la belle dame suppliait pour un tirage. Hélas,
son compagnon l’emporta et l’éloigna en la tirant par la main.
Deux individus arrivèrent et Taliesin devina
qu’ils étaient du genre à se laisser berner par une douce persuasion. Le
bohémien habile feignit de faire une lecture approfondie avant de dire quelque
chose qui les fit rougir de plaisir. Il fut récompensé d’un billet de dix
livres avant que ses clients repartent.
Vint ensuite un couple corpulent de personnes
âgées. D’après l’accent de l’homme, Taliesin supposa qu’il était italien. Le
bohémien parut se méfier de l’homme d’abord, puis remporta sa décision d’une
boutade pleine d’esprit.
— Venez, venez ! Regardez votre belle
dame ! La chance vous a déjà souri, monsieur !
Il reçut un autre billet de cinq avant qu’ils
s’en aillent.
Taliesin continua d’observer le jeune homme
tandis qu’il réunissait ses cartes de tarot, tirait sa chaise et s’asseyait
patiemment, les mains croisées sur la table. Ce fut alors qu’il remarqua deux
choses, presque simultanément : sous les boucles noires brillait un
bandeau doré incrusté de joyaux et ses pieds étaient nus. Comment pouvait-il
remarquer ces deux choses en même temps, étant donné qu’elles étaient aux
extrémités opposées du corps du jeune homme ? Cela le rendit perplexe. Il
secoua un peu la tête comme pour apaiser le dilemme de ses pensées.
Au risque d’exposer ses yeux sensibles à la
lumière intolérable, Taliesin concentra sa vision vampirique sur le bandeau. Le
jeune homme le cachait magistralement sous ses boucles souples. Ses yeux se
tournèrent vers les pieds nus et il plissa de nouveau les yeux pour rendre sa
vue plus perçante. La plante de ses pieds étonnamment petits était non
seulement dépourvue des callosités auxquelles on pouvait s’attendre, mais elle
était propre. Le jeune homme aux bras croisés jouait avec un anneau en or à son
pouce. Comme pour ses pieds, ses mains étaient excessivement petites, mais
avaient des doigts anormalement épais. Des doigts puissants, pensa-t-il.
Il les imagina caressant son corps, puis il se réprimanda vertement pour son
imagination débordante. Dieux, était-il possible qu’il soit aussi énamouré du
gitan pour trouver que ses mains et ses pieds étaient séduisants ?
***
Pesha Sinclair prétendit ne pas remarquer le
grand homme pâle qui le scrutait. Tous les gadjos fixaient les
bohémiens. Il en avait l’habitude, mais celui-ci le rendait nerveux. Non pas
parce qu’il était sinistre, mais parce qu’il ne l’était pas. Il l’avait déjà vu
sur la promenade auparavant, toujours recouvert des pieds à la tête dans son
grand manteau. Il était souvent en compagnie d’une jeune et jolie femme que
Pesha présumait être sa femme. Il enviait l’égard avec lequel le bel homme la
traitait, montrant toujours son amour en l’embrassant doucement sur le front ou
sur la main, la protégeant des regards malintentionnés et des avances non
désirées. Elle riait souvent lorsqu’ils marchaient le long du front de mer,
bras dessus bras dessous, sachant qu’elle était en sécurité et chérie. Comme il
l’enviait et souhaitait trouver quelqu’un pour l’aimer aussi tendrement. Pas
n’importe qui. L’homme pâle qui se tenait devant lui.
L’homme et sa femme s’étaient présentés à sa
table une fois. La dame avait été satisfaite de sa lecture de la main et le bel
homme l’avait payé vingt livres. C’était alors qu’il avait remarqué les
étonnants yeux lavande. Jamais il n’avait croisé d’aussi beaux yeux et il en
rêvait tous les soirs depuis. Tellement souvent même, qu’il en était venu à
considérer le bel homme comme son chevalier blanc secret. Pour l’instant, il
contemplait les cheveux blancs, la longue tresse, dajo, il n’avait jamais
vu de cheveux aussi brillants ni aussi longs. L’image ne servait qu’à embellir
ses rêves déjà érotiques concernant le gadjo. Oserait-il risquer un coup
d’œil ? Pourquoi pas ? Cet inconnu ne connaissait pas ses désirs
secrets. Affichant sur son visage un air de défi typique, il releva les yeux.
Sans le long manteau à capuche pour le dissimuler, Pesha le vit dans son entier
pour la première fois. Grand, musclé, certainement né de haut rang, et encore plus
beau qu’il ne l’avait imaginé. Lorsque leurs regards se croisèrent, Pesha
sentit son expression se transformer pour une autre qui indiquait clairement
son désir. Il se détourna avant que son rougissement se mette à briller et
qu’il devienne écarlate sous la lumière dorée de la tour de l’horloge.
***
Il fallut à Taliesin chaque once de la force
surnaturelle qu’il possédait pour rester immobile comme une statue. Était-ce du
désir qu’il avait discerné dans ses yeux ? Sûrement pas. Pourtant, la
chaleur de son rougissement qui planait dans l’air lui disait toute autre
chose. Le déferlement de sang et l’odeur de girofle combinée à de la cannelle
provenant de la peau du jeune homme ravissaient ses sens, lui faisant ressentir
des désirs contradictoires. Il ne pouvait empêcher son aine de grossir, lui
promettant une soirée d’agonie tandis que ses crocs menaçaient de percer ses
gencives. Dieux, je dois partir d’ici. Il te suffit de faire demi-tour et
de t’éloigner, se dit-il.
Le son d’un aboiement colérique le tira
brusquement de sa rêverie.
— Foutu sale gitan puant ! Ce n’est pas
ce que ça dit dans ma main !
Le client désagréable gifla le côté de la tête
du bohémien avant de s’éloigner.
— Ah, sale gadjo ! cria le jeune
homme.
Taliesin se retrouva immédiatement devant
l’individu vindicatif, le dominant d’un grognement et d’un regard glacial. Il
le fit revenir vers la table qu’il pointa du doigt.
— Hey, je ne voulais rien dire de spécial par
là. Je ne savais pas qu’il avait un gardien.
Il laissa tomber un billet sur la table et
essaya de contourner Taliesin. Celui-ci le saisit par le bras et indiqua de
nouveau la table.
— Ça ne vaut pas un sou de plus que ce que
j’ai donné ! protesta le type.
Taliesin le gifla légèrement sur le côté de la
tête, prenant soin de ne pas utiliser sa force surnaturelle ou bien il risquait
de le tuer.
— Par les boules de Fergus ! cria le
personnage déplaisant, tout en fouillant dans sa poche pour jeter un billet de
cinq.
Taliesin le relâcha et le client s’enfuit en
direction de la promenade.
— M… Merci, balbutia le gitan.
Taliesin hocha la tête et retourna à son poste
d’observation, à distance.
***
Étrange et merveilleux gadjo, pensa Pesha
avant de décider qu’il était tard et qu’il s’était fait assez d’argent pour
tenir à distance le grand Roi Vaida Sinclair pour un autre jour. Il aurait
maudit son père s’il n’avait pas eu peur de devenir plus impur ou malheureux
qu’il ne l’était déjà. Bien que prêt à revenir à la compania pour faire face à
son père, il redoutait l’idée d’être à portée de main de Merripen. Avec un
soupir exaspéré, il tira ses chaussures de son sac à dos et les enfila. Bien
qu’il sache qu’il ne devrait pas se promener pieds nus, les gadje payaient plus
s’ils pensaient que vous étiez pauvre. Il ramassa ses cartes, les rangea dans
son sac, puis plia sa table et sa chaise avant de les attacher avec une corde
en nylon rouge vif.
***
Taliesin regarda le petit gitan remballer ses
biens, profitant de la vision des mouvements gracieux du jeune homme charmant.
Il laissa son imagination caresser l’objet de son intérêt et se demanda ce
qu’il ressentirait à le tenir dans ses bras. Une vague de tristesse submergea
son cœur à la pensée de ne plus pouvoir admirer et protéger le gitan pour ce
soir. Comme si cela avait été décrété par le Destin, il réalisa soudain que ce
temps passé auprès du jeune bohémien avait peut-être un but caché. Dieux,
Solitaire, dois-tu t’infliger cela à toi-même ? Tu ne peux pas t’impliquer
avec qui que ce soit, se réprimanda-t-il pour la millième fois.
***
Pesha pensa qu’il devrait remercier le gadjo
sexy à nouveau, mais n’en eut pas le courage. Il avait à peine pu se souvenir
de son anglais, il y avait quelques minutes. Il pourrait lui rendre une sorte
de service. Peut-être héler un taxi afin qu’il n’ait pas à rentrer chez lui à
pied. Ava, ça, c’est une bonne idée ! Il ne voulait pas que son
gentilhomme reste seul sur la promenade au cas où l’imbécile de gadjo
reviendrait avec des amis. Il osa jeter un coup d’œil à son beau sauveur pour
se retrouver noyé dans les profondeurs de ses yeux lavande encore une
fois. Diri dacha, il allait défaillir s’il ne faisait pas quelque chose
plutôt que de rester là. Sans y réfléchir à deux fois, il courut vers son bel
aristocrate et saisit le manteau sur son bras.
— Venez ! dit-il en faisant signe à son
noble seigneur de le suivre.
***
Taliesin n’arrivait pas à croire ce qui se
passait. Surpris par la soudaine décision d’agir du bohémien, il l’avait laissé
voler le manteau qu’il portait sur son bras. S’il avait utilisé sa vitesse
surnaturelle, il aurait pu le rattraper en une fraction de seconde, mais il
n’osa pas le faire au milieu des passants humains. Il serait damné encore plus
qu’il ne l’était déjà s’il se mettait à chasser le petit gitan sur la
promenade. Maudissant le Morrigan, il jura intérieurement tandis qu’il se
lançait à la poursuite du jeune homme. À vingt mètres du bout de la promenade,
le gitan revint vers lui en courant.
— Venez ! Venez !
Le bohémien l’appelait tout en lui faisant
signe de se dépêcher. Taliesin passa devant des parties communes et s’arrêta
brusquement en le voyant. Il se tenait là, tenant la portière d’un taxi ouverte
d’une main, tout en serrant le manteau de l’autre. Taliesin se balança sur la pointe
de ses pieds. Lui demandait-il de partir ? Il n’avait pas besoin d’un
moyen de locomotion. Là encore, le bohémien n’en savait rien. Peut-être
pensait-il lui faire une faveur. Taliesin ne voulait pas le laisser seul sur la
promenade au cas où le client agressif reviendrait. Le bohémien, lui, devait
prendre le taxi.
— Allons, allons, insista le gitan.
Taliesin s’avança, récupéra son manteau des
mains du jeune homme, et ce faisant, réalisa à quel point il était petit par
rapport à son mètre quatre-vingt-dix. Il l’était davantage qu’il ne l’avait
pensé initialement, plus qu’un homme de taille normale en tout cas, et de loin.
Le vampire lui fit signe de prendre le taxi.
— Na, na, na, répondit le bohémien en
secouant la tête et agitant rapidement ses mains, ses longues boucles noires
rebondissant sur ses épaules bien dessinées. Pour vous, rajkano, pour
vous.
N’ayant absolument aucune idée de ce qu’il
fallait faire, Taliesin se glissa sur la banquette arrière du taxi. Dès qu’il
referma la portière, il vit de près les yeux noisette doré du gitan se relever
pour la première fois. Ils contenaient une lueur de désir qui réchauffa son
cœur et il se demanda, un instant alarmé, si ses propres yeux ne trahissaient
pas ses émotions à l’égard du tzigane.
Quand le jeune homme posa sa main sur la
vitre, inexplicablement, il ne put retenir son envie de répondre. Il appliqua
sa paume, du côté opposé à la sienne et la vitre s’échauffa entre eux, semblant
refléter leur désir mutuel. Il resta figé ainsi pendant un court instant, fasciné
par les beaux yeux noisette dorés. Le gitan inclina la tête, si légèrement,
comme pour poser une question muette. Semblant comprendre le besoin sans fard
de Taliesin, il lui adressa un sourire entendu, puis articula quelque chose
d’inintelligible et fit un pas en arrière, loin du véhicule.
Le chauffeur de taxi sortit Taliesin de sa
transe avec un petit rire.
— Très bien, rajkano, où voulez-vous
aller ?
Comme Taliesin retournait son attention vers
le vieux chauffeur de taxi russe, il y eut un petit coup sec sur la vitre.
Surpris, il regarda à travers et vit que le jeune homme avait de nouveau posé
sa main sur celle-ci. Son cœur fit un bond et s’il n’avait pas été assis, il se
serait peut-être évanoui. Encore une fois, il ne put s’empêcher de répondre à
son geste. Il recouvrit la main du bohémien pressée sur la vitre, et ne trouva
nulle moquerie, mais un bonheur absolu dans ses brillants yeux dorés. Puis le
gitan lui adressa un au revoir d’un geste de la main et repartit en courant.
Le cœur de Taliesin flottait comme s’il était
piégé dans une cage et ses émotions menacèrent d’envahir ses sens. Au début, il
se délecta de la pensée que le bohémien pourrait, peut-être, être intéressé par
lui. Puis ses espoirs furent réduits à néant, comme aplatis par une enclume. Tu
es un vampire, Solitaire, et pour ce que tu en sais, les actions du gitan
étaient seulement celles d’un Romani bien élevé.
Le chauffeur russe l’observait dans son
rétroviseur.
— Vous savez ce que rajkano signifie
pour un gitan ?
Taliesin secoua la tête.
— Il vous a appelé beau, magnifique. Je pense
qu’il vous aime bien. Je n’affectionne pas la plupart des Romani. Mais lui, si.
Il me donne de bonnes courses et il est gentil. Il a l’air petit, mais c’est un
adulte, vous savez ? Alors, où voulez-vous aller, bel homme ?
Ses espoirs étant quelque peu raffermis,
Taliesin lui remit sa carte.
— Oh, Lord Solitaire, je ne voulais pas vous
manquer de respect, dit rapidement le Russe.
Taliesin lui fit signe de laisser tomber.
— Le château sur la falaise ? C’est là où
je dois aller ?
Il hocha la tête.
— Vous ne parlez pas beaucoup.
Taliesin sourit et secoua la tête. J’aimerais pouvoir, pensa-t-il avec ironie.
Taliesin sourit et secoua la tête. J’aimerais pouvoir, pensa-t-il avec ironie.
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